Une ligne subtile

13.10.2006 – 28.01.2007

Shoji Ueda 1913-2000

De Shoji Ueda (1913 - 2000), on garde souvent en mémoire les images du « Théâtre des dunes »: étranges mises en scène de personnages, dont le charme et l'invention n'ont pas d'équivalent dans l'histoire de la photographie. Mais le reste de l'oeuvre qui évolue en marge des traditions documentaires reste mal connu, du moins en Occident.|

Shoji Ueda est né près de Yonago, dans une région qu'il n'a pour ainsi dire jamais quittée. Il découvre la photographie en 1928, après s'être intéressé un temps à la peinture. En 1929, son père lui offre un petit appareil Kodak et il part étudier la photographie à Tokyo. Mais il revient très vite dans sa ville natale de Sakaiminato où il ouvre, en 1933, un studio de photographie et exerce une activité commerciale. Parallèlement, et c’est ce qui absorbera de plus en plus son temps, il participe à des concours, publie des images dans les magazines et rejoint des associations de photographes amateurs. Il découvre les recherches des avant-gardes européennes et acquiert très vite ce goût de l'expérimentation qui va caractériser sa démarche. Après la guerre, il radicalise son esthétique de la mise en scène, développe et diversifie son travail au milieu des dunes, qui occuperont une place majeure dans son œuvre. Sa pratique de la photographie est par ailleurs étroitement mêlée à la curiosité de son regard et à son esprit ludique. Son œuvre empreinte des deux cultures japonaise et européenne est un pont jeté entre deux sensibilités.

La reconnaissance de son talent intervient dès la fin des années quarante et il est aujourd’hui considéré au Japon comme l’un des photographes les plus brillants de son temps. Exposé plusieurs fois au Japon et en Europe, Ueda fut également invité à participer à une exposition au Museum of Modern Art de New York. Aujourd’hui un musée portant son nom est dédié à son oeuvre dans sa région natale.

Notre titre, « Une ligne subtile », se réfère essentiellement à la parfaite subtilité des compositions de Ueda. Mais il peut aussi être interprété comme une métaphore de la sensibilité esthétique du photographe. Ueda a une fois dit de ses photographies qu’elles étaient des « mémoires silencieuses », une expression qui décrit magnifiquement le calme onirique de son univers pictural, qui se situe dans un temps suspendu et révèle une harmonie essentielle du monde.

Cette rétrospective, dont les commissaires sont William A. Ewing et Gabriel Bauret, a été conçue par le Musée de l’Elysée en collaboration avec le Shoji Ueda Museum, Tottori.