reGeneration

50 photographes de demain
23.06 – 23.10.2005

reGeneration présente cinquante photographes sélectionnés par le Musée de l'Elysée parmi quatre cents candidats issus des meilleures écoles d’art et de photographie du monde. Leurs travaux représentent les tendances les plus prometteuses de la photographie d’aujourd’hui. Le Musée de l’Elysée a fait le choix final avec une seule question en tête : ce photographe est-il appelé à faire une carrière importante dans les vingt ans à venir ? Lors de la sélection, tous les genres de la photographie ont été reconnus comme valables, qu’ils soient classiques ou novateurs, le seul critère pour le jury étant la qualité et la cohérence des travaux présentés. reGeneration réunit des œuvres fortes, pas nécessairement mûres, mais surtout pleines de promesses et atteste que la photographie est bien un art vivant, qui n’a en rien perdu son potentiel au 21e siècle.|

En quoi les photographies de reGeneration se caractérisent-elles? On y relève une propension des jeunes artistes à théoriser la photographie et à positionner leur propre travail en conséquence. La chambre claire, le fameux essai du sémiologue Roland Barthes, est la principale référence : aucun photographe d’hier ou d’aujourd’hui n’est en effet mentionné aussi souvent que l’influent théoricien. Les générations précédentes citaient, comme influences majeures, presque toujours d’autres photographes– comme Walker Evans, Henri Cartier-Bresson, Manuel Alvarez Bravo, Diane Arbus. Le fait qu’un philosophe vole maintenant la vedette aux photographes suggère un bouleversement dans la manière dont la génération montante conçoit le médium.

L’un des éléments les plus frappants révélé par la sélection de reGeneration est l’absence d’une photographie traditionnelle en noir et blanc. En outre, aucun des représentants de reGeneration ne soutient que la principale mission de la photographie est aujourd’hui encore d’exposer « la vérité » – de fournir au monde un témoignage objectif. Cette conviction avait pourtant guidé des générations de photographes avant eux. Dorénavant la fiction, ou les fictions, apparaissent plus sincères. Les photographes de reGeneration tendent à donner avec leurs travaux un commentaire sur l’état du monde, plus qu’à le faire découvrir. Ils en extraient et en soulignent les structures plutôt que les moments dramatiques. Ils formulent leurs messages au moyen de suites de photographies, préférant la série à « la grande image » tant recherchée par les photographes des générations précédentes. Pour eux, le sujet n’est pas à trouver mais à construire.

Toutes ces observations ont bien sûr un caractère provisoire, tant il ne fait aucun doute que les approches et les intérêts des photographes vont changer. Il est probable que certains prendront des distances avec le travail présenté aujourd’hui, qu’ils le considéreront comme manquant de maturité et de cohérence, alors que d’autres continueront à le développer. Quant aux questions que nous nous posions sur la mission des écoles, nous ne pouvons juger que des résultats. La grande diversité des travaux de reGeneration semble suggérer de leur part une ouverture d’esprit et un grand professionnalisme. Enfin, pour conclure, il paraît prématuré de chercher chez les photographes de reGeneration des réponses aux grandes questions de Gauguin, « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Les cinquante photographes de demain - comme l’ensemble de leur génération -n’ont-ils pas maintenant vingt ans pour formuler leurs réponses ?

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